Déclaration de la CGT-Educ’action 13 au CDEN du 2 juillet 2014

vendredi 4 juillet 2014
par  cgteducaix

 La rentrée 2014 s’annonce très difficile. Malgré une opposition farouche d’une grande partie de la population, personnels, parents et élus confondus, la réforme des rythmes scolaires va s’appliquer en septembre pour tout le monde. Tout ce que nous avions prédit se confirme dans les projets actuels.

 

Première victime : l’enfant. Alors qu’on nous avait promis, juré, craché, que l’intérêt était celui de l’enfant, rien que celui de l’enfant, voici le fameux dogme du « pas plus de 5 heures de cours par jour » qui vole en éclat. Le cas de Marseille en est le pire exemple. Après l’un des plus beaux feuilletons de série B jamais joué au plus haut sommet de l’état, avec pour protagoniste le Maire de Marseille, hypocrite à souhait, et les ministres de l’éducation Nationale successifs plus sourds les uns que les autres, après une parodie de consultation démocratique imposée dans l’urgence, Marseille est le symbole même du désastre qui s’avance : aucun projet éducatif territorial pour la rentrée, des personnels territoriaux sur leurs gardes, des adultes en charge des enfants après l’école encore inconnus, des parents perdus par une série d’annonces contradictoires... Il n’y a plus qu’à croiser les doigts pour que rien de grave n’arrive dès les premières semaines.

 

Deuxième victime : l’enseignant. Déclassé socialement par des campagnes de presse nauséabondes depuis des décennies, par la chute vertigineuse de son salaire et la dégradation continue de sa formation initiale et continue, il sera en plus appelé, dans bien des villes, à être volontaire pour des heures supplémentaires maquillées afin de pallier au manque annoncé de personnels après la fin des cours. Sa formation continue, déjà considérablement réduite, se réduira à peau de chagrin avec l’hallucinant ersatz de formation qu’est Magister. Sans parler des ESPE, où les restrictions budgétaires draconiennes menacent toujours plus la qualité d’une formation déjà plus que douteuse. Les agents perdront aussi un peu plus de pouvoir d’achat pour les déplacements supplémentaires occasionnés par cette réforme. Enfin, leurs droits sont gravement menacés, comme leur droit à obtenir un temps partiel, les inspecteurs de circonscription multipliant les pressions pour les limiter, en raison du véritable casse-tête que le mouvement représente désormais.

 

Troisième victime : le parent. Sans certitude sur la qualité de l’encadrement, parfois obligé de mettre la main à la poche pour que son enfant puisse être gardé jusqu’à la fin de son travail, il devra en outre subir les difficultés d’organisation évidentes que les entrées et sorties d’enfants et d’adultes étranger à l’école vont occasionner.

 

Quatrième victime : le citoyen. Du moins l’immense majorité des citoyens. Ceux qui n’ont pas les moyens de payer des études à leurs enfants, ceux qui subissent des municipalités à idéologie inégalitaire, ceux qui livreront leurs enfants aux intérêts privés des associations à but lucratif invitées dans l’école. Comme toute mesure austéritaire, qui détruit le service public en baissant les moyens qui lui sont alloués et en l’ouvrant à la cupidité des marchés, cette réforme dite « des rythmes scolaires » va creuser encore un peu plus la distance entre le citoyen et l’état, dans une période sinistre où l’extrême droite, forte de ses derniers résultats, instrumentalise tous les légitimes mécontentements.

 

Et nous ne parlerons même pas de l’absurde décision de renoncer au projet d’ABCD égalité, décision qui ne fait que donner une victoire inespérée aux réactionnaires de la journée de retrait qui avaient basé toute leur campagne sur d’ignobles mensonges ; nous ne parlerons même pas de l’inacceptable intention de faire rattraper aux collègues une journée déjà travaillée ; nous ne parlerons même pas du mythe des 60 000 postes dont les effets réels sur le terrain tardent à se faire sentir, trois ans après les promesses de Hollande ; nous ne parlerons même pas de l’absence désormais constante de remplaçants pour les représentants du personnel lorsque ceux-ci sont appelés à quitter la classe et pour les absences pour maladie courte. Nous ne parlerons même pas des décrets relatifs aux personnels AED et AESH, dont le statut précaire est maintenu, voire renforcé. La liste est encore longue !

 

Le gouvernement actuel a plus que jamais renoncé à bâtir une école de qualité. Si le gouvernement et le grand patronat continuent à jouer avec le feu comme ils le font actuellement dans tous les secteurs de l’économie et de la société, les valeurs républicaines d’égalité, de liberté, de fraternité et de laïcité dont l’école est le premier rempart reculeront. Pour la CGT, ce n’est pas une fatalité. Nous ferons tout, dès la rentrée prochaine, pour ouvrir un large front syndical, associatif, politique et citoyen sur des bases revendicatives résolument opposées à la politique libérale inspirée par le Medef et mise en place par le gouvernement.


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