Déclaration des élu.es CGT Educ’action au CTA du 22 janvier 2021

vendredi 22 janvier 2021
par  cgteducaix

Monsieur le Recteur,

Alors que la crise sanitaire a confirmé le caractère indispensable des services publics (au cas où certain·es en doutaient encore) et la nécessité de leur redonner des moyens pour remplir leurs missions correctement, le projet de loi de finances 2021 montre que le gouvernement fait le choix de privilégier les entreprises en prenant par exemple des mesures importantes en allègements fiscaux sans contrepartie.

En revanche, l’Éducation nationale ne sera pas forcément mieux lotie qu’en 2020. Le refus de recruter massivement des personnels contrairement à ce qu’ont pu faire certains pays dès la rentrée 2020 pour faire face à la situation exceptionnelle, que nous vivons, démontre une fois de plus que contrairement aux discours, l’école, comme d’autres services publics, n’est toujours pas une priorité pour ce gouvernement.

La création d’emplois dans le premier degré (+190 sur Aix Marseille) ne couvrira pas les besoins, et ne doit pas justifier la perte d’emplois dans le second degré (-60 ETP sur Aix-Marseille, cachés par l’utilisation des heures supplémentaires), dont les lycées généraux vont faire les frais avec 10 postes en moins pour de +1887 élèves à la rentrée 2021.

Pour les emplois administratifs, aucune considération pour ces personnels particulièrement en souffrance puisque le solde sur l’ensemble des académies est 0. A la formulation dans le document de la présentation : « pour la deuxième année consécutive le PLF 2021 ne prévoit aucune suppression d’emplois. », nous préférons d’ailleurs la suivante : « le PLF ne prévoit aucune création d’emplois ». Et sur Aix-Marseille, il va falloir nous contenter de 4 postes (largement insuffisant) pour lesquels nous savons très bien qu’ils ont été enlevés ailleurs et de 2 sur la région PACA.

De la même façon, il est annoncé que les moyens en CPE et personnels médico-sociaux sont maintenus. Encore heureux ! Avez-vous l’impression que ces personnels sont trop nombreux alors qu’elles et ils font cruellement défaut et qu’il y a urgence à procéder au recrutement de titulaires en nombre suffisant notamment pour renforcer la médecine scolaire et de prévention et le service social surtout en cette période de crise sanitaire et sociale dont pâtissent élèves et agent·es.

Pour l’école inclusive, 4 000 nouveaux ETP d’AESH seront recruté·es à la prochaine rentrée, encore hors titre 2, nous demandons toujours que soit fait un bilan de la mise en place des PIALS et que s’ouvrent des discussions pour revaloriser leur salaire.

La loi de transformation de la Fonction publique a institutionnalisé la précarité, y compris dans notre secteur. En limitant les recrutements de personnels statutaires, en réduisant les moyens de remplacement et en explosant les quotas d’heures supplémentaires, l’Éducation nationale recrute des personnels non-titulaires. Elle fait ainsi le choix de la précarité comme levier de gestion des ressources humaines.
Et leurs conditions d’exercice sont inacceptables : enchaînement des CDD (avec des services parfois incomplets), affectations éloignées ou multiples, inégalité de traitement, non-renouvellement ou licenciement. Les personnels contractuels sont donc une variable d’ajustement pour le ministère. C’est particulièrement le cas cette année avec le non-renouvellement brutal de certains contrats pour raison budgétaire.
La CGT Educ’action se bat pour obtenir une gestion digne de tou·tes les non titulaires (ATSS, enseignant·es, Vie Scolaire) de l’Éducation nationale et un plan de titularisation sans condition de concours ni de nationalité.

AED excédé·es et en lutte !

A l’initiative de collectifs locaux et avec le soutien de l’intersyndicale nationale, une journée de grève mardi 19 janvier, avec des prolongements notamment lors de la journée du 21janvier, a mobilisé les personnels de vie scolaire dans toute la France. La CGT Educ’action appelle l’ensemble des personnels du second degré à appuyer ce mouvement en rejoignant les personnels "vie scolaire" dans la grève et en créant des caisses de grève pour soutenir financièrement les plus précaires. Sous-payé·es, méprisé·es, précaires, les personnels de vie scolaire (AED, AP, APS) sont indispensables au bon fonctionnement des établissements.

Mauvaise paie, CDD, pression : la situation de nos collègues de vie scolaire souligne chaque jour les conséquences de l’emploi précaire et de la casse des garanties statutaires. Après le succès de la journée du 19 novembre dans l’académie d’Aix-Marseille, le mouvement s’est intensifié pour prendre une dimension nationale lors de la journée de grève du 1er décembre. Dans un contexte de mobilisation rendue très difficile par la situation sanitaire, elle a été un incontestable succès. Elle exprimait la colère accumulée après des années de précarisation et d’augmentation de la charge de travail, de mépris et d’invisibilisation. Les services de vie scolaire sont en première ligne depuis le début de la pandémie pour l’application du protocole sanitaire. Or, indépendamment même des contraintes liées à cette situation, ils sont largement sous-dotés et les conditions d’exercice des personnels AED sont de plus en plus inacceptables, alors que les salaires demeurent honteusement insuffisants.

Il est temps que ces personnels obtiennent une amélioration de leurs conditions d’exercice et de rémunération, le versement des primes REP et REP+, la réduction du temps de travail, des recrutements supplémentaires. La CGT Educ’action invite tous les précaires de l’Éducation Nationale à rejoindre le mouvement, en particulier les AESH et les AVS, qui subissent aussi les petits salaires et l’inégalité d’accès aux primes, ainsi que des conditions de travail dégradées. La scolarité des élèves en situation de handicap s’en trouve malmenée, reléguant « l’école inclusive » à l’état de slogan sans consistance.

Pour la CGT Educ’action les actions des AED, avec la journée nationale de grève du19 janvier et ses suites, manifestent l’urgence de répondre aux AED. La journée du26 janvier sera l’occasion d’un rebond de la mobilisation dans ce secteur, en convergence avec l’ensemble des personnels de l’éducation nationale.

Non à la casse de la politique d’éducation prioritaire

Le 2 décembre dernier Nathalie Elimas, secrétaire d’état à l’Éducation Prioritaire a commencé de dévoiler certains contours de la réforme projetée par le ministère tout en continuant d’entretenir le plus grand flou sur les critères et les moyens. Au cœur de ce projet, la volonté de rompre avec les principes de la Loi d’orientation de 89, avec les Zones d’Éducation Prioritaire et avec une politique de moyens assise sur le principe de « donner le plus à ceux qui ont le moins ». A travers la réduction du périmètre de l’éducation prioritaire aux cités éducatives il s’agit en fait largement de passer d’une politique de moyens attribués dans les territoires où se constatent les plus fortes inégalités d’accès au service public d’éducation, à une politique de contractualisation ciblée avec les établissements. Dans ce contexte, l’élargissement du périmètre à de nouveaux territoires ruraux fait figure de leurre. Il masque mal la nature des choix qui sont engagés : dissoudre le cadre de référence de l’éducation prioritaire, renoncer à une politique de moyens fondée sur la reconnaissance d’une priorité de besoin, sortir l’éducation prioritaire du cadre des priorités fixées nationalement.

Ainsi le CLA, contrat local d’accompagnement a-t-il surgi brusquement sous la forme d’une sollicitation dans l’urgence des chef·fes d’établissement des lycées et LP accompagnés, le mercredi 9 décembre dernier. Il leur a été enjoint de produire et de faire produire à leurs équipes dans l’urgence des projets pour le 16 décembre. Injonction répercutée sur les équipes avec le flou entretenu sur les conditionnalités attachées à cette commande en matière de moyens. On voit bien qu’il s’agit là de faire entrer à la fois les équipes dans une logique de conditionnalité systématique des moyens et dans une logique de concurrence entre établissements, loin de tout état des lieux sérieux des besoins qui sont pourtant criants.

La CGT Éduc’action revendique des critères objectifs, transparents pour définir la carte de l’Éducation prioritaire. En conséquence, elle exige que l’indice social utilisé par le ministère soit rendu public et débattu et qu’il tienne compte des spécificités, rurales ou urbaines, des territoires. La notion de réseau liant écoles, collèges et lycées doit prévaloir dans la définition de la carte de l’Éducation Prioritaire sans pour autant sacrifier les zones rurales. Les moyens de l’éducation prioritaire doivent relever de priorités budgétaires nationales. Une nouvelle carte scolaire coordonnée à la politique de la ville et permettant la mixité sociale doit être mise en place. La carte des écoles, collèges et lycées (LGT et LP) de l’Éducation Prioritaire doit être fixée en fonction des besoins, et non pas à partir de contraintes budgétaires. Enfin les moyens de l’éducation prioritaire doivent intégrer pleinement le personnel social et de santé. Au moins un·e agent·e du service social par lycée, plusieurs par collège d’Éducation Prioritaire articulé au réseau d’écoles et un·e infirmièr·e à temps complet par collège ou lycée.

Concernant les élèves, elles et ils reçoivent depuis l’an dernier un enseignement incomplet du fait de la situation sanitaire et si l’application de mesures sanitaires rigoureuses nous apparaît indispensable, les élèves ne doivent pas en être les victimes collatérales. Elles et ils continuent à devoir gérer l’enseignement hybride et l’alternance dans les lycées, à subir les « retards » accumulés sans le moindre allègement de programme.

C’est pourquoi plusieurs organisations syndicales, dont la nôtre ont demandé le report à juin des épreuves de mars et la suppression du grand oral. Le ministre s’est enfin exprimé en annonçant la suppression des épreuves de spécialités prévues du 15 au 17 mars en les remplaçant par le suivi en contrôle continu. Si cette décision constitue une première avancée, elle ne peut complétement nous satisfaire pour deux raisons : 1) il reste le grand oral, pour lequel les élèves ne seront pas préparé·es correctement et nous continuons à en demander la suppression, 2) le contrôle continu doit être abandonné et les épreuves terminales et nationales du baccalauréat maintenues si les conditions sanitaires le permettent.

Voie professionnelle : derrière les effets de communication, le démantèlement continue.

La désorganisation pédagogique liée à la crise sanitaire laissait espérer des aménagements pour la session 2021 des examens. Or, malgré les difficultés rencontrées pour réaliser les PFMP, le ministre considère que l’objectif prioritaire reste d’en atteindre les durées maximales, même si les seuils minimums déjà contenus dans les référentiels seront appliqués. Cet objectif, qui confère à l’entreprise un rôle prépondérant dans la formation au détriment du temps scolaire, va désorganiser encore plus les établissements. Il ne propose aucune adaptation des épreuves d’examen. Pourtant, des allègements de programme ou des aménagements dans l’organisation ou le contenu des épreuves sont indispensables. Alors que sa réforme s’en charge déjà, le ministre prétend cyniquement que cela dévaloriserait les diplômes.

Alors que la mise en œuvre de la réforme de la voie professionnelle entre seulement dans sa dernière phase, le ministère envisage déjà une modification de la grille horaire. Un projet d’arrêté prévoit en effet la disparition du fléchage de la co-intervention entre l’enseignement professionnel et le Français ou les Mathématiques et les sciences. Ces heures de co-intervention pourront aussi abonder les modules « insertion professionnelle » et « poursuite d’études » ainsi que la création d’ateliers, notamment de philosophie. La CGT Éduc’action est favorable à l’enseignement de la philosophie en lycée professionnel mais pas dans ces conditions dégradées : qui fera ces heures, sur quelle quotité, avec quelle formation ? L’empilement de ces dispositifs ne laissera à l’enseignement disciplinaire qu’une poignée d’heures. La concurrence entre les disciplines en sera exacerbée, le métier de plus en plus dénaturé !

La situation dans notre académie quand on considère l’évolution de l’offre de formation témoigne de la destruction en cours de l’enseignement professionnel public sous statut scolaire : 141 places fermées en bac professionnel, pour 52 places ouvertes. En CAP 27places fermées pour 12 ouvertes, le solde étant lui aussi négatif. L’ouverture annoncée de57 places en FCIL et en Mention complémentaire, structures dont on connaît le caractère fragile et les conditions précaires de dotation et qui ne comprennent qu’une année de formation, ne vient pas modifier ce tableau très sombre.

Derrière le slogan d’une voie professionnelle « d’excellence et d’avenir » Jean-Michel Blanquer poursuit, avec entêtement et mépris, le démantèlement de l’enseignement professionnel sous statut scolaire avec l’appauvrissement des contenus de formation, la réduction de l’offre de formation en LP et le développement de l’apprentissage. Complètement déconnecté de la réalité du terrain, il voit dans le chef-d’œuvre « l’expression même de cette excellence ». La première session en CAP risque d’être catastrophique pour les élèves qui n’ont pas pu être préparé·es dans des conditions satisfaisantes. Plus globalement, la CGT Éduc’action demande l’abandon de ce dispositif. Alors que des milliards sont dégagés pour la promotion de l’apprentissage, la voie professionnelle scolaire se contente de miettes et d’effets d’annonces ! Pour ne pas sacrifier davantage tout un pan de notre jeunesse, il est plus que temps de réagir :

La CGT Éduc’action exige un véritable plan d’urgence pour la voie professionnelle pour en faire une véritable voie pour la réussite de tous les élèves qui sont des citoyen·nes et de futurs salarié·es.

La CGT Éduc’action appelle les personnels à poursuivre les mobilisations en cours pour obtenir des créations de postes statutaires, des mesures significatives de revalorisation des salaires et des carrières ainsi que l’arrêt des réformes toujours aussi contestées par les personnels.
Pour nos écoles, collèges et lycées, l’urgence est grande ! Les personnels de l’Education Nationale se mobilisent le 26 Janvier 2021 pour construire une autre politique pour nos écoles et nos établissements scolaires. Nous revendiquons un plan d’urgence pour l’éducation avec plus de moyens, des établissements à échelle humaine et rénovés, de meilleures conditions de travail et d’étude, une revalorisation de nos rémunérations. Bref, de quoi garantir la qualité du service public d’éducation.

Enfin, dans une période où dans les établissements, les personnels ont besoin de retrouver du collectif, monsieur le secrétaire général a envoyé un message annonçant l’interdiction des réunions en présentiel (au-delà de 6 participant·es) au sein des établissements scolaires, interdiction concernant également les réunions syndicales. Pourtant, la FAQ ministérielle mise à jour le 12 janvier 2021 n’énonce pas d’interdiction systématique. Et le ministère interrogé sur cette question lors de la réunion sur la situation sanitaire du 18 janvier confirme que rien n’interdit les HIS en présentiel et souhaite que nous fassions remonter les problèmes rencontrés dans les académies.

Nous vous demandons donc, Monsieur le Recteur, suite au courrier intersyndical dont vous avez été destinataire, de bien vouloir retirer cette consigne. Nous sommes attaché·es au respect du droit syndical et la situation sanitaire ne doit pas être utilisée pour le restreindre.


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