Déclaration des élu.es CGT au CTA du 25 mars 2020

Nadine Castellani et Emmanuel Arvois
lundi 30 mars 2020
par  cgteducaix

Le confinement qui s’est progressivement affirmé s’est imposé comme une nécessité dans le pays.


Avec toutes les conséquences, encore difficiles à mesurer, qui s’ensuivront. Il aurait sans aucun doute dû être anticipé : les données étaient sous nos yeux, d’une part dans les foyers importants d’épidémie en France (l’Oise et le Haut-Rhin en particulier) et d’autre part en Italie.


Les choix initiaux faits par les autorités de santé et le gouvernement se sont avérés inadaptés.


Lorsqu’ils ont été révisés, comme on l’a vu, le gouvernement et les services de l’état n’étaient pas prêts… La sous-estimation des risques liés à la crise sanitaire de grande ampleur que nous traversons et l’impréparation de la part du gouvernement et des autorités de santé publique sont particulièrement criantes dans la pénurie de masques de protection qui affecte les personnels de santé et les médecins généralistes pourtant placés en première ligne. En outre, les choix annoncés lundi 16 mars dans la deuxième allocution de crise du Président Macron, et confirmés le lendemain par E. Philippe, étaient d’une ambiguïté redoutable. En réalité il n’y a que dans les grandes administrations et services publics que le confinement a été finalement assez vite appliqué avec une certaine universalité, une certaine rigueur et un peu plus de cohérence. Et le gouvernement tarde toujours à prendre la mesure de la crise et des urgences de la situation : assurer l’équipement correct des personnels de santé exposés à la contagion des malades dont ils et elles s’occupent, s’efforcer d’augmenter au plus vite le nombre des lits de réanimation, garantir en priorité la sécurité des approvisionnement essentiels et ne plus exposer inutilement les salarié·es des autres secteurs.


Tous ces éléments montrent que les développements de la crise, sur tous les plans, ne sont pas terminés. Pour autant on doit souligner d’ores et déjà son puissant effet de dévoilement sur la situation du pays et les dégâts de décennies de politiques ultra-libérale et de casse des grands services publics essentiels à la population.


Dans ce contexte, l’engagement des personnels de l’éducation nationale et des agent·es des collectivités au service de l’accueil des enfants de soignant·es témoigne de leur conscience d’exercer des missions essentielles à la population. Quoique nous soyons effaré·es par l’impréparation et les tergiversations du gouvernement et des services de l’état face à la crise sanitaire qui frappe notre pays, nous partageons au moins l’objectif de cet accueil : permettre aux soignant·es d’exercer leur mission vitale dans la période que nous traversons. Cet accueil témoigne également de la vitalité des solidarités sur lesquelles à l’avenir il faudra faire fond, plutôt que de chercher à les détruire par des politiques de casse des services publics et de marchandisation des biens communs, au premier chef desquels, la santé et l’éducation.


Comme nous l’avons souligné dans notre courrier au Recteur du samedi 21 mars la mise en place de cet accueil exige une organisation rigoureuse :
1° Les personnels qui se désignent doivent être affecté·es à proximité de leur logement afin de limiter au maximum l’étendue de leurs déplacements.
2° Les effectifs accueillis par établissement, et pas seulement au sein des groupes, doivent être limités au maximum.
3° Le matériel pédagogique doit être adapté pour permettre aux personnels d’accueillir dans les meilleures conditions les élèves aux différents âges.
4° Les mesures d’hygiène et de protection qu’exige la situation doivent être mises en oeuvre, et ne pas se limiter à l’application des mesures barrières individuelles : propreté et entretien des locaux, disponibilité des produits désinfectants, accès à des masques et à des gants.
5° Le volontariat des personnels doit répondre à la mise en oeuvre d’une relève individuelle et d’un contrôle minimal de leur état de santé. Cela impose la limitation du temps consacré à l’accueil à deux jours consécutifs par semaine espacés d’une période de 6 jours au cours de laquelle l’agent·e sera resté confiné·e.
6° Enfin l’appel effectif aux personnels s’étant déclaré·es volontaires par l’administration, doit s’organiser selon des critères de priorité liés à l’âge, à la santé et à la situation familiale, et écarter celles et ceux qui seraient trop exposé·es.


Au-delà, l’administration doit soutenir tous ses personnels et reconnaître leur engagement. La confiance doit prévaloir et nous dénonçons avec la plus grande vigueur les pratiques intrusives ou lourdement prescriptives, inutiles et blessantes, qu’elles émanent des corps d’inspection ou plus rarement de certaines directions d’établissements. De même, les tâches impliquant les personnels administratifs et techniques dans la continuité de service des établissements ou des services doivent être strictement limitées à l’essentiel et tenir compte de l’urgence sanitaire nationale.


La situation actuelle révèle et aggrave de façon criante les inégalités entre élèves. La notion de « continuité pédagogique » choisie par le ministre masque à cet égard la réalité. L’école à la maison ce n’est pas l’école. La mesure de ces inégalités doit être prise et les conséquences doivent en être tirées pour le présent et pour l’avenir.


Pour le présent elles imposent une adaptation des parcours de formation de tous les élèves, de telle sorte qu’aucun·e d’entre eux/elles ne soit victime de discrimination.


Concrètement et dans l’immédiat, elles supposent qu’une enveloppe conséquente soit débloquée pour la rentrée scolaire 2020 afin de mettre en place des dispositifs d’accompagnement des élèves.


Pour l’avenir elles soulignent l’urgence d’un grand plan de relance des politiques d’éducation prioritaire et de lutte contre les inégalités scolaires. L’urgence plus largement à remettre le grand service public qui est le nôtre au centre des préoccupations politiques et budgétaires de la Nation et à réorienter radicalement les politiques actuellement suivies.


Concernant les moyens, ce CTA se réunit dans un contexte où le travail des DHG n’est pas toujours terminé dans les établissements. Certains d’entre eux avaient demandé une audience auprès des services rectoraux qui n’ont pu se tenir et la tenue de ce CTA pose question car il y aura forcément des ajustements de postes et pourquoi pas l’octroi d’enveloppes complémentaires comme nous le demandons pour les lycées Simone Veil et Marie Curie par exemple.


La suppression de postes continue dans l’académie : en LGT, 63 suppressions pour 29 créations ; en LP 128 suppressions pour 95 créations.


Nombreux sont les BMP notamment ceux à 18h, qui mériteraient peut-être des créations de postes définitifs surtout quand les HSA restantes représentent un volume encore important et assure ainsi la solidité du poste. Nous vous demandons également de prendre en compte les conditions de travail des collègues affécté·es sur deux établissements en termes de facilité de déplacement, de proximité des affectations.


Nous nous interrogeons aussi sur le nombre de postes étiquetés SPEA. Nous ne sommes pas certain·es que tous soient justifiés.


Enfin nous constatons que beaucoup de stagiaires ont été nommé·es à la suite du mouvement inter académique en dehors de notre académie ; le calibrage des postes est vraisemblablement trop faible et des personnels se retrouvent dans des situations très difficiles que nous vous demandons de prendre en compte.


On constate aussi une baisse des moyens CPE à la rentrée 2020 ( - 4 postes). Cela aura pour conséquence, comme cette année, un recours massif à l’emploi de contractuel·les et vacataires notamment dans les zones les plus reculées de l’Académie (Alpes de Haute Provence, Hautes Alpes).


Ce type d’emploi déstabilise les établissements car ces collègues ne sont pas tous nommé·es à l’année.


Pour les ATRF et ITRF, cette année pas de suppression de poste ce qui est une bonne nouvelle pour les personnels car il n’y aura pas de carte scolaire mais pas de création de poste.


Dans cette période de crise sanitaire, le gouvernement doit prendre la mesure de l’importance et du caractère indispensable des services publics et notamment celui de l’éducation. Pour qu’ils fonctionnent de façon efficace même en temps de crise, il est essentiel de leur accorder les moyens nécessaires. C’est ce que nous demandons depuis des années dans l’éducation, c’est ce que demandent les personnels soignant·es depuis des années et aujourd’hui ces moyens supprimés au nom de la rentabilité font cruellement défaut. Que le gouvernement en prenne acte très vite !


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