Pourquoi être en grève le 9 mai ?

lundi 6 mai 2019
par  cgteducaix

Nous sommes attaché.es au statut des fonctionnaires parce qu’il garantit leur indépendance et leur protection contre toutes formes de pression ou d’intérêt partisan, l’égalité de l’accès au service public sur le territoire pour l’ensemble de ses habitant.es dans l’intérêt général.

Par ailleurs les principes d’une école qui respecte nos valeurs, dites "de la république" nous importent : une école inclusive, égalitaire, émancipatrice, accessible à toutes et tous, qui encourage la fraternité et la coopération au lieu de la compétition.

L’école est attaquée de toutes parts. Alors que Monsieur Blanquer estime dans son courrier du 29 mars que, je cite, « tous les Français nous doivent gratitude et respect », il ne manifeste envers nous que mépris et manque de considération. Belle exemplarité...

Les conditions de travail de ses agent.es sont dégradées : avec la charge de travail qui augmente du fait des suppressions de postes, de l’augmentation de l’effectif par classe, l’état déplorable des bâtiments (parlons particulièrement des écoles de Marseille), le nombre insuffisant de personnels dans la médecine de prévention (une très grande majorité d’agents n’ont jamais eu de visite médicale), la non-prise en compte des besoins spécifiques avec la sortie de l’éducation prioritaire des lycées, la précarité des personnels accompagnants AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) et AED (assistant d’éducation), la diminution catastrophique du nombre de personnels de gestion.

S’ajoutent à cela désormais, dans le cadre du projet de loi sur la fonction publique  :

- La mise en place d’une instance unique en lieu et place des comités techniques et CHSCT : un temps d’examen, de débat, de défense des personnels et des conditions de travail réduit à la portion congrue.

- La suppression des compétences des Commissions paritaires en termes de carrière et de mutations. C’est la fin du paritarisme et de la transparence dans la mobilité des personnels et les promotions.

- Le recours accru aux contractuel.les, CDI, CDD ou contrat de mission et la disparition progressive du statut de fonctionnaire, par son démontage systématique.

- Le projet de supprimer à terme 120 000 emplois (qui bien qu’officiellement mis en pause continue de planer) : c’est la dégradation de la qualité du service public. Les moratoires annoncés sont largement insatisfaisants.

La bien-nommée loi « pour une école de la confiance » nous inquiète à tous points de vue, et ce n’est pas parce que nous aimons propager des « bobards », comme l’affirme notre ministre à la radio, mais parce que nous savons lire :

- L’article 1 de l’École de la confiance vise à faire taire les expressions critiques des personnels sur l’École. Les menaces de sanctions contre les enseignant.es se multiplient sous Blanquer.

- Les articles 2 à 4, en rendant obligatoire la scolarisation dès 3 ans, entérinent un financement des maternelles privées par les collectivités locales au lieu d’élargir l’offre publique.

- L’article 6 permet la création d’établissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux, réduisant le nombre de postes de direction et de personnels administratifs, remettant en cause la souveraineté des conseils de maitre.sses, portant atteinte aux libertés pédagogiques.

- A cause des articles 10 à 13, Les ESPE seront remplacées par les INSPE (Instituts Nationaux Supérieurs du Professorat et de l’Education), dont les directions seront nommées par le ministère. À compter de la rentrée prochaine, les étudiant.es assistant.es d’éducation pourront intervenir en classe, et seront utilisé·es comme moyens d’enseignement à partir de la première année du master. Alors même que nous dénonçons le manque de formation des enseignant.es avant leur prise de poste et durant leur parcours professionnel, l’Éducation nationale montre qu’enseigner est un métier ne requérant ni préparation, ni qualification. Cette loi est un véritable outil de précarisation de l’emploi, l’État s’assure une réserve de personnels à bas coût qu’il pourra utiliser en fonction des besoins !

Que dire enfin des projets de réforme présentés séparément pour éviter une mobilisation massive mais répondant aux mêmes logiques, à savoir :

- Parcoursup l’an dernier s’est avéré une catastrophe que nous avions annoncée et contre laquelle nous avions alerté nos dirigeants : algorithmes triant les lycées selon leur niveau supposé, lauréats du bac non affectés, charge de travail aberrante, et pour les enseignants de terminale et pour les équipes du supérieur, que ce soit sur l’orientation, les aspects techniques de l’inscription sur une interface mal conçue, la sélection des candidats… enfin, inégalité assumée entre les lauréat.es accompagné.es par des parents au fait de l’orientation et celles et ceux qui n’ont pas cette chance.

- La réforme des lycées généraux et techniques et du baccalauréat exige en termes de prérequis une connaissance fine des attendus des diplômes d’enseignement supérieur et au lieu de délivrer un enseignement généraliste favorisant l’intégration d’un.e citoyen.ne éclairé.e et épanoui.e, spécialise les élèves selon les disciplines étudiées, avec pour conséquence pratique une carte des options étrangement superposable à celle du niveau de vie des usager.es.

- La réforme des lycées professionnels en fait des établissements où priment l’encouragement à l’apprentissage, encore un beau cadeau au patronat, des savoirs fondamentaux aliénés aux compétences professionnelles, une mixité des publics incompatible avec une prise en compte réelle des besoins des élèves et une mise en concurrence des établissements, non seulement entre eux mais également, à cause de la réforme de la formation professionnelle, mis en concurrence avec des centres d’apprentissage financés par les branches professionnelles.

Ces 3 réformes s’imbriquent les unes dans les autres avec une grande cohérence. Elles visent à casser le cadre national du diplôme, à entériner l’acquisition de blocs de compétences et à introduire sur le marché du travail de jeunes travailleur.euses sans esprit critique, sans cadre de diplôme protecteur, corvéables à merci.

Enfin, l’absence d’augmentations de salaires, le gel du point d’indice dégradent le pouvoir d’achat des personnels de l’Education avec pour seule réponse l’obligation d’une seconde heure supplémentaire pour les enseignant.es et la volonté de créer des primes au mérite qui nous divisent sans impact positif sur nos missions, bien au contraire.

Les enseignant.es, les personnels non-enseignant.es, les élèves, les parents n’ont cessé depuis l’an dernier d’alerter le ministère sur les dangers de cette politique morbide et inégalitaire. S’y surajoute une triste déclinaison locale puisque la seule réponse apportée par la mairie de Marseille concernant la rénovation des écoles de la ville est la mise en place d’un partenariat public privé concernant 30 écoles uniquement sur 400 malgré un coût pour les habitants de 351 millions d’euros. Encore une fois, à l’échelle locale, une gestion déplorable de l’argent public et des cadeaux aux entreprises.

De nombreux mouvements de grève, d’occupation d’établissement, de nombreuses manifestations, la libération de la parole des enseignants lors du mouvement #pasdevagues, l’espace de réflexion et de mobilisation autour du mouvement des « stylos rouges » mais surtout le succès des mobilisations d’initiative syndicale montrent que l’exaspération est générale. Le ministère casse notre outil de travail, et qui plus est, nous enlève le droit de le dire. C’est inacceptable.

Puisque notre ministre estime, dans son courrier du 29 mars, que nous sommes à l’avant-garde du progrès social, montrons-lui que pour une fois, il a raison : les personnels de l’éducation nationale seront en grève jeudi afin de préserver le statut de la fonction publique, garant d’un service public d’éducation égalitaire.


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