Déclaration de la Cgt au comité technique académique du 17 octobre 2013.

jeudi 17 octobre 2013
par  cgteducaix

<Avant de lire sa déclaration, la Cgt tient, il n’est jamais trop tard pour ce faire, à vous souhaiter la bienvenue.>

Cette rentrée scolaire est marquée par une volonté, affichée pour le moins, de redonner une ambition pour l’école. Si la Cgt ne peut que souscrire aux objectifs d’éducation prioritaire et de lutte contre l’échec scolaire, encore faut-il examiner les moyens que nous entendons mettre pour les atteindre. Là, inévitablement naîtront des divergences qui sont l’objet du dialogue.

Le ministre de l’éducation entend faire de la réussite éducative au premier rang de laquelle la politique d’éducation prioritaire un des axes majeurs de sa politique,( circulaire n° 2013-060 du 10-4-2013 III-1)

Pour notre part, nous pensons que les quartiers populaires doivent bénéficier de l’intervention de la puissance publique et que celle-ci doit se manifester par des services publics de qualité et de proximité. Cela répond autant à des objectifs de justice que d’efficacité sociale et cela est incommensurablement plus efficace que les idées aussi stupides que dangereuses de recours à l’armée ou pire encore à des drones.

En matière d’éducation prioritaire, les besoins des élèves et leurs familles sont considérables. Si nous pouvons partager nombre de points du rapport (le diagnostic, la critique de l’individualisation et de la confusion entre EP et accompagnement éducatif depuis 2008, travail en équipe, interdisciplinarité, plus de maitres que d’élèves pour ne citer que ces points), encore faut-il ne pas oublier que les difficultés économiques et sociales des quartiers ont été aggravés par le désengagement de l’état.

A cet égard, le fait que cette démarche de refondation soit largement pilotée en amont par le Secrétariat à la Modernisation de l’Action Publique laisse craindre que l’approche privilégiée en définitive soit, dans la continuité de la RGPP (révision général des politiques publiques).

C’est pourquoi nous réaffirmons avec force que les jeunes, les familles et les personnels ont le besoin urgent d’une relance puissante des politiques d’éducation prioritaire, fondée sur des moyens nouveaux, solides et pérennes !

Nous avons souvent entendu l’administration rétorquer que les moyens ne faisaient pas tout, certes mais s’ils ne constituent pas une condition suffisante, ils n’en restent pas moins une condition nécessaire.

L’ordre du jour nous amène justement à nous interroger sur ces moyens au travers de la résorption de la précarité, du mouvement, de la formation ou de la rémunération des agents.

Résorption de la précarité

La réussite éducative et l’éducation prioritaire exige des moyens pérennes. C’est pour cela que la Cgt souhaite la fin de la précarité au sein de la fonction publique plutôt que sa résorption. 

Concernant la résorption de la précarité, nous avons pris le dictionnaire pour vérifier la définition de résorber : il s’agit bien de "faire disparaître lentement", mais même avec cet objectif que nous trouvions justement trop lent, nous voyons qu’il y a loin entre la réalité et l’objectif annoncé.

La Cgt souhaite de nouveau insister sur les situations de précarité. Les documents rectoraux indique que 137 stagiaires sont issus des concours réservés, avec les 50 stagiaires issus de l’interne et quelques uns de l’externe, nous sommes loin de la résorption promise pour les centaines de non-titulaires exerçant dans l’académie.

Quelle résorption est possible quand de nombreux collègues non-titulaires restent exclus de ce dispositif limité du fait de la condition immuable des 2 ans avant le 31 mars 2012 ?

Dans le cadre de ces concours, nous exigeons l’élargissement des conditions et l’augmentation du nombre de postes offerts afin que ce qui devait être un examen ne soit pas un concours des plus sélectifs.

Quelle résorption est possible quand malgré les engagements, beaucoup de collègues inéligibles restent sans formation de préparation au dossier RAEP, alors que sa date de remise a été avancée ?

Nous demandons que dès la fermeture du serveur, tous les candidats se voient offerts une vraie formation RAEP et non pas 2h dans un amphi de 350 personnes comme l’an passé.

La résorption de la précarité, ce n’est pas seulement la cédéisation ou la titularisation. C’est aussi le reclassement et l’affectation. En termes de reclassement ou d’affectation, il n’est pas acceptable que l’ancienneté des contractuels ne soit pas reconnue, cela rejoint notre juste revendication de grilles des salaires pour le personnel non titulaire. À ce sujet, nous  avions eu l’an passé l’engagement de la mise en place d’un groupe de travail sur l’avancement et les salaires des non-titulaires. Celui-ci avait été unilatéralement annulé de la part du rectorat au prétexte de négociations au niveau national.

Pour la Cgt, le reclassement doit prendre en compte toute l’ancienneté et le barème d’affectation garantir une affectation au plus près de l’exercice comme contractuel.

Quelle résorption est possible quand dans le même temps, nous assistons à une multiplication des contrats précaires dans les établissements ? Le retour en masse des contrats aidés auxquels s’ajoutent les vacataires tournent résolument le dos à des moyens pérennes pour répondre aux besoins

Quelle résorption est possible quand les annonces gouvernementales sur la titularisation des AVS ne seront en fait qu’une cédéisation d’une partie d’entre eux ? Quelle résorption de la précarité lorsque des femmes n’ont pu prétendre à bénéficier de la loi Sauvadet en raison de leur maternité ? Quelle résorption de la précarité lorsqu’on annonce que les contractuels ATSS (administratif, technicien, santé, sociaux) ne pourront plus à partir de 2014 bénéficier du régime indemnitaire ? (Alors que dans le privé, il existe une prime de précarité, l’administration vient d’inventer la contribution sociale des précaires, il fallait vraiment oser !)

Nous demandons un groupe de travail sur les ANT, souhaitons avoir un point précis sur leur réemploi, continuons à exiger la titularisation de tous et dans l’immédiat le réemploi de tous ainsi que l’arrêt du recrutement de nouveaux précaires.

 

Concernant le mouvement

Ce problème de la précarité rejoint celui du mouvement intra qui continue à se dégrader avec une nouvelle baisse des taux de satisfaction des vœux des collègues. Ainsi, le taux sera de 44%, taux à relativiser si on tient compte des collègues « contraints » à participer au mouvement, des collègues qui s’auto censurent, du blocage existant dans de nombreuses disciplines, ou des HSA (heures supplémentaire à l’année) qui bloquent des créations de BMP (bloc moyen provisoires) ou postes.

L’incapacité du mouvement inter académique à satisfaire les besoins de notre académie dans certaines matières résulte incontestablement d’une gestion à flux tendu de ces besoins au niveau national suite aux milliers de suppressions de postes de ces dernières années. La CGT Educ’action regrette le recours à des personnels enseignants précaires pour répondre à ces besoins pourtant bien identifiés mais pour lesquels l’Education Nationale ne se donne pas les moyens de répondre : preuve en est le nombre faible de reçus aux concours réservés mis en place. En l’état, hausse de cette année du recours aux enseignants non titulaires n’est pas conjoncturelle et ne peut que se poursuivre

 

Enfin la Cgt ne terminera pas son intervention sans faire remonter les revendications des collègues ATSS et des étudiants des éspé (école supérieure du professorat et de l’éducation) qui ont sollicité les élus Cgt au CTA.

Aussi étrange que cela pourra apparaître à certains, leurs revendications ont un point commun, elles sont porteuses d’une exigence forte qui rejoint une des valeurs essentielles de la Cgt : le respect de la dignité.

 

Lorsque les étudiants des éspé d’Aix et de Marseille se mobilisent pour refuser de devoir se réinscrire en M1 MEF (master 1 Métier de l’éducation et de la formation) alors qu’ils sont déjà titulaires d’un M1 voire d’un M2 pour pouvoir bénéficier de la préparation au concours, ils ont d’abord une revendication sociale légitime en regard du coût des études mais ils ont aussi l’exigence que soit respecté le travail qu’ils ont fournis. 

Lorsque les collègues ATSS demandent une revalorisation de leur rémunération et l’amélioration de leurs conditions de travail, ils demandent à la fois de vivre dignement au travail et de vivre dignement de leur travail. 

Dans les deux cas, ils ont une revendication commune : ils demandent un peu de respect.

Lors de se récente venue à Marseille, le ministre s’était adressé à l’assistance en demandant à chacun de se souvenir de ce que l’école avait fait pour nous. C’est justement parce que nous nous souvenons de ce qu’elle a fait pour nous et surtout des valeurs qu’elle nous a inculquées, que nous trouvons intolérables les politiques mises en œuvre ces dernières années par notre institution en son propre sein.

Si nous voulons une véritable ambition pour l’école, il faudra en plus de la volonté, celle d’y mettre les moyens. 


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